Patrimoine

Royan occupe un site naturel privilégié, le long d’une grande plage de sable fin, à l’entrée de l’estuaire de la Gironde.
Au XIXe siècle, Royan est une petite cité balnéaire, qui doit son développement à la mode des bains de mer venue d’Angleterre et à la navigation à vapeur. Une liaison entre Bordeaux et Royan s’établit rapidement, et la Ville s’adapte au tourisme. À la fin du XIXe siècle, avec l’arrivée du chemin de fer, Royan devient une station touristique fréquentée aussi bien par la bourgeoisie bordelaise que par le Tout-Paris (Guitry, Lartigue, Picasso...).

Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1945, Royan est durement touchée par les bombardements des Alliés qui cherchent à détruire l’un des derniers retranchements nazis, la « Poche de Royan ». La ville est détruite à 85 %. Les seules zones épargnées sont celles du Parc et de Pontaillac.
À l’époque, Royan comptait près de 4 000 villas. Plus de 400 échappèrent aux bombes. Elles témoignent encore de la qualité exceptionnelle de cette architecture balnéaire, qui propose de nombreuses variations autour de trois types de constructions : le chalet, le castel ou le cottage.

Dès juillet 1945, le projet de reconstruction est confié à Claude Ferret qui cumule les responsabilités d’urbaniste et d’architecte en chef.

La question de la reconstruction à l’identique ne se pose pas à Royan, contrairement à Saint-Malo ou Gien. Au contraire, la destruction presque totale de la ville permet d’envisager un plan global, adapté au caractère balnéaire de la cité, et intégrant les dernières réflexions en matière d’urbanisme. Royan est donc devenue un "laboratoire d’architecture moderne", organisé autour d’édifices importants et emblématiques de la Reconstruction, marqués notamment par l’architecture du Brésil, celle d’Oscar Niemeyer en particulier.

Royan apparaît en effet comme une tentative pour mettre en application les grands principes d’architecture du Mouvement Moderne, dont l’une des idées maîtresses tend vers un meilleur confort intérieur : « de la lumière, de l’air et du soleil », selon le célèbre mot d’ordre. On trouve ainsi à Royan toits terrasses, pilotis, immeubles à redans, loggias, et surtout utilisation du béton, blanc ou peint.

Cette architecture, pourtant unique en France, est malheureusement mal comprise, et mal aimée d’une partie des Royannais , qui ne voient pas l’un des grands mérites des reconstructeurs : la réussite sociale et populaire de leur œuvre.
Ce désamour, et ce manque d’appropriation a entrainé la destruction d’œuvres emblématiques de la Reconstruction. La poste a été défigurée au début des années 1980 par une construction brutaliste sans âme, et amputée de sa galerie sinueuse. Laissé à l’abandon, le casino de Ferret est fermé, et finalement détruit en 1985, son état étant jugé irrécupérable. À la même époque, le portique reliant les deux ailes du Front de mer, qui avait fait l’objet d’âpres discussions lors de sa construction, est à son tour démoli. Le Palais des Congrès a vu sa façade profondément altérée par l’ajout d’une paroi uniforme en verre, qui clôt le parallélépipède que Ferret s’était ingénié à évider.

À la fin des années 1980, la Municipalité prend conscience de l’importance de sauvegarder et de protéger ce patrimoine des années 1950. Cela conduit à l’élaboration en 1993 d’une zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP), portant sur les constructions des années 1950, mais aussi sur les villas balnéaires d’avant-guerre. Cette ZPPAUP vise notamment à arrêter la dégradation rapide des immeubles du centre-ville, aux façades mal entretenues, voire carrément remaniées.

L’église Notre-Dame est classée Monument historique en 1988, mais il faut attendre les années 2000 pour que d’autres constructions majeures de la Reconstruction le soient également : le temple protestant, le marché, les villas Hélianthe et Ombre Blanche, la résidence Foncillon, la villa Gracieuse et le Palais des Congrès.

En 2010, la Ville de Royan, souhaitant continuer à valoriser son patrimoine, a candidaté au label Ville d’Art et d’Histoire, qui lui a été décerné par le Ministère de la Culture et de la Communication en janvier 2011.


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